Retour sur le webinaire « One Health. What Else? Mieux développer la recherche inter- et transdisciplinaire pour répondre aux questions de santé mondiale »
Retour sur le webinaire « One Health. What Else? Mieux développer la recherche inter- et transdisciplinaire pour répondre aux questions de santé mondiale »
Le Dr Jean-François Guégan, Directeur de recherche de classe exceptionnelle (DRCE) à l’INRAE et à l’IRD, professeur à l’École des Hautes Études en Santé Publique (France), et spécialiste des questions liées au lien entre changement climatique, biodiversité et santé, nous a parlé du besoin de mieux développer la recherche inter- et transdisciplinaire pour répondre aux questions de Santé mondiale.
Le Dr Guégan a proposé un état des lieux de l’application dans la recherche du concept One Health – une seule santé – depuis son élaboration dans les années 2000, et nous a exposé la complexité de ce « méta sujet », ainsi que ses biais.
Le Groupe d’experts de haut niveau pour l’approche Une seule santé (OHHLEP) définie le principe One Health comme une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, reconnaissant que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante.
Dr Guégan a clarifié la distinction des concepts « consorts » en santé apparus successivement depuis les années 1980 : Eco Health, One Health, Global Health et Planetary Health et a souligné comme la coexistence de ces concepts nés à partir de disciplines mères très différentes rend difficile l’application de l’interdisciplinarité (croisement de plusieurs disciplines pour renverser des dogmes et construire de nouveaux postulats de recherche) ou la transdisciplinarité (croisement de plusieurs disciplines orienté à la translation vers la prise de décision politique en santé publique). In fine, la majorité des recherches effectuées continuent ainsi à être plutôt de nature pluri- ou multidisciplinaire (concernant plusieurs disciplines, mais avec peu d’échanges entre elles).
Pour étayer son propos, le Dr Guégan a mis en avant une étude de Folorunso O. Fasina, qui a réalisé une cartographie de l’application de One Health en Afrique, montrant que le concept est peu appliqué dans le continent et que la majorité des initiatives reste plutôt étroite, axée sur une seule discipline (zoologie), et avec une faible implication du secteur politique pour la prise de décision et participation citoyenne dans la construction, le déroulé et la restitution des programmes.
Le Dr Guégan a insisté sur l’importance pour la recherche de ne pas s’arrêter à l’investigation d’une origine animale des principaux agents infectieux humains, compte tenu de l’origine végétale ou tellurique de nombreux microbes infectieux, et de « sortir d’une boîte de Pétri » et travailler sur des temps longs pour identifier des déterminants de la propagation des maladies qui apparaissent à différents niveaux du vivant.
Le Dr Guégan a rappelé l’importance de la surveillance étant donné que les systèmes dynamiques sont modifiés graduellement (par des perturbations environnementales, démographiques, sociologiques, …) jusqu’à des points de bascule imprévisibles qui révèlent les émergences, et que ce sont les comportements humains (individuels et collectifs) qui multiplient les expositions avec une source infectée par un agent infectieux d’origine zoonotique ou environnementale qui génèrent un risque épidémique.
Le Dr Guégan a aussi dénoncé comme le manque d’intégrité scientifique et médicale (conflits d’intérêt en recherche, propension à défendre ses points de vue, etc.) nuit parfois aux découvertes et aux progrès de la connaissance et de la médecine, bloquant l’arrivée de nouvelles idées dans la communauté scientifique.
Selon le Dr Guégan, pour appliquer le concept One Health, il faudrait favoriser une approche collaborative pour rapprocher certaines disciplines, quand approprié. Cependant, le manque de moyens, l’absence de méthodologie associée, et la différence de culture de recherche entre les pays ne permettent pas toujours cette collaboration. Pour encourager son utilisation, il est essentiel d’asseoir ce dispositif sur des personnes partisanes de la transdisciplinarité.
Pour conclure, le Dr Guégan a insisté sur l’importance d’une compréhension intégrative dans le temps long des phénomènes qui sont en interaction avec des problématiques d’infectiologie humaine, animale, et des problèmes liés à l’agriculture, essentielle pour comprendre le phénomène d’émergence de nouveaux agents infectieux.
Pour en savoir plus, retrouvez l’intégralité du webinaire :
Le Dr Guégan a proposé un état des lieux de l’application dans la recherche du concept One Health – une seule santé – depuis son élaboration dans les années 2000, et nous a exposé la complexité de ce « méta sujet », ainsi que ses biais.
Le Groupe d’experts de haut niveau pour l’approche Une seule santé (OHHLEP) définie le principe One Health comme une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, reconnaissant que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante.
Dr Guégan a clarifié la distinction des concepts « consorts » en santé apparus successivement depuis les années 1980 : Eco Health, One Health, Global Health et Planetary Health et a souligné comme la coexistence de ces concepts nés à partir de disciplines mères très différentes rend difficile l’application de l’interdisciplinarité (croisement de plusieurs disciplines pour renverser des dogmes et construire de nouveaux postulats de recherche) ou la transdisciplinarité (croisement de plusieurs disciplines orienté à la translation vers la prise de décision politique en santé publique). In fine, la majorité des recherches effectuées continuent ainsi à être plutôt de nature pluri- ou multidisciplinaire (concernant plusieurs disciplines, mais avec peu d’échanges entre elles).
Pour étayer son propos, le Dr Guégan a mis en avant une étude de Folorunso O. Fasina, qui a réalisé une cartographie de l’application de One Health en Afrique, montrant que le concept est peu appliqué dans le continent et que la majorité des initiatives reste plutôt étroite, axée sur une seule discipline (zoologie), et avec une faible implication du secteur politique pour la prise de décision et participation citoyenne dans la construction, le déroulé et la restitution des programmes.
Le Dr Guégan a insisté sur l’importance pour la recherche de ne pas s’arrêter à l’investigation d’une origine animale des principaux agents infectieux humains, compte tenu de l’origine végétale ou tellurique de nombreux microbes infectieux, et de « sortir d’une boîte de Pétri » et travailler sur des temps longs pour identifier des déterminants de la propagation des maladies qui apparaissent à différents niveaux du vivant.
Le Dr Guégan a rappelé l’importance de la surveillance étant donné que les systèmes dynamiques sont modifiés graduellement (par des perturbations environnementales, démographiques, sociologiques, …) jusqu’à des points de bascule imprévisibles qui révèlent les émergences, et que ce sont les comportements humains (individuels et collectifs) qui multiplient les expositions avec une source infectée par un agent infectieux d’origine zoonotique ou environnementale qui génèrent un risque épidémique.
Le Dr Guégan a aussi dénoncé comme le manque d’intégrité scientifique et médicale (conflits d’intérêt en recherche, propension à défendre ses points de vue, etc.) nuit parfois aux découvertes et aux progrès de la connaissance et de la médecine, bloquant l’arrivée de nouvelles idées dans la communauté scientifique.
Selon le Dr Guégan, pour appliquer le concept One Health, il faudrait favoriser une approche collaborative pour rapprocher certaines disciplines, quand approprié. Cependant, le manque de moyens, l’absence de méthodologie associée, et la différence de culture de recherche entre les pays ne permettent pas toujours cette collaboration. Pour encourager son utilisation, il est essentiel d’asseoir ce dispositif sur des personnes partisanes de la transdisciplinarité.
Pour conclure, le Dr Guégan a insisté sur l’importance d’une compréhension intégrative dans le temps long des phénomènes qui sont en interaction avec des problématiques d’infectiologie humaine, animale, et des problèmes liés à l’agriculture, essentielle pour comprendre le phénomène d’émergence de nouveaux agents infectieux.
Pour en savoir plus, retrouvez l’intégralité du webinaire :